Actus

20/05/2023

L'aboutissement au Frenchman triathlon XXL

posté à 23h11

Le Lacanau Tri Events était en quelque sorte un point de passage obligé pour performer sur le Frenchman XXL 15 jours après. Je ne me formalisait pas sur cette première course car un résultat, bon comme mauvais, permettait soit de se rassurer, soit d’en tirer des enseignements et d’ajuster sur la dernière charge d'entraînement à J-8. La bonne forme affichée à Lacanau mettait tous les voyants au vert mais me mettait aussi dans la position d’un des hommes à battre, si ce n’est l’homme à battre. Pas facile mentalement d’aborder cette situation, surtout quand on n’a aucun Ironman à son palmarès. Il m’a fallu prendre assez de recul pour aborder ce Frenchman XXL comme une course contre moi-même sur laquelle le plus fort gagnerait. Je m’en sentais capable mais ce n’est pas pour autant que j’avais l’assurance d’en arriver vainqueur.
Arrivé sur place le jeudi, le duathlon kids m’a permis de libérer une partie de mon esprit en regardant les petits champions de demain se donner à fond, Tom et Nathan dans le lot, heureux de vivre une de leur première expérience sur ce format kifs Ô combien organisé de main de maître par l’équipe du Frenchman.
Vendredi, place aux derniers réveil des jambes qui se sont endormies sur cette dernière semaine d’avant Ironman ou le repos est maximisé en vue de la course. Petit tour au départ du XXL, suivi live de la course puis briefing et dépôt du vélo. Au dodo.
Réveil à 4h15 ce samedi matin. Nuit assez bizarre comme souvent avant une telle course. Je dors mais presque en somnolence car je sais qu’elle sera coupée en plein milieu par un réveil, un gatosport, une crème, un thé et une banane. Je décolle pour le départ vers 6h. Mes parents, chez qui j’ai dormi pour épargner ce réveil hors norme à Clémence et les enfants, m’y accompagnent. Rapide vérification du vélo, mise en place des chaussures clipsées et du ravitaillement puis échauffement à sec avec l’élastique. Chose rare mais qui permet de réveiller les muscles en douceur. Ensuite petite mise à l’eau, c’est le moment où je rentre dans ma course, le départ est proche, l’envie d’entendre le starter grandit. Après un show de Super Frenchman, toujours aussi à l’aise pour mettre l’ambiance (à quand une soirée avec toi SF? ça doit être le délire!), c’est le coup de canon.
Je pars placé et me met rapidement en action, celà me permet d’éviter les coups et de me positionner en tête de course, côté à côté avec un autre concurrent. A partir du 1er kilomètre, la légère houle s’accentue vraiment et ça commence à brasser. Ca devient extrêmement compliqué de poser sa nage et mes lunettes en font les frais, je doit les réajuster et perds le lead…pour me rendre compte qu’un bon groupe profite de notre trace! Ce qui me permet de me remettre vite dans des pieds sans trop d’effort pendant 5’. Je repasse vite quelques gars puis je me retrouve 4ème, derrière 3 concurrents en file devant moi au demi-tour. Le retour se fait avec eux. Derrière ça semble avoir perdu les pieds dans le courant favorable du retour. Je ne m’affole pas, la partie natation n’est que le début d’un long périple et nous sortons groupés en tête.
Je pars à vélo en tête avec une avance créée durant la première transition. Les jambes sont froides mais répondent rapidement avec des puissances élevées, je doit me calmer mais j’ai du mal à réduire l’énergie déployée, grisée par l’événement et la prise de la tête de course d’entrée de jeu. Comme si des voix m’avaient entendues, la voiture ouvreuse a du mal à jauger ma vitesse et semble ralentir, ce qui me fait revenir très près, puis réaccélère. Dans ces moments là je dois aussi lever le pied car je n’ai pas envie de prendre de pénalité mais je ne peux pas gérer le conducteur en plus de me concentrer sur un effort soutenu à calibrer dans la cible voulue. Cette situation délicate dure une vingtaine de kilomètres avant de reprendre une plus grande route et de voir la voiture prendre du champ dans la descente de Contaut. Elle ralentit par la suite avant qu’un arbitre vienne lui signaler de prendre du champ et me dire que je serais également pénalisé. Je crie au scandale, à quelle moment l’erreur vient de moi, je n’ai pas pris l'abri derrière un cycliste, j’ai subi une erreur de jugement de ma vitesse de la part du conducteur. Je ne peux pas l’incriminer, l’erreur est humaine et je le voit tous les jours, il est difficile pour une auto d’apprécier la vitesse de déplacement d’un cycliste qui roule à plus de 40km/h. Je me rappelle Lacanau et passe à autre chose, l’attitude compte énormément et je me dois de suivre le même état d’esprit que lors de ma dernière victoire. Je me dis que cette péripétie me rappelle il y a 15 jours et que si je pouvais avoir le même dénouement ça serait quand même cool. Premier tour bouclé en étant un peu gourmand sur les watts (+12w par rapport à la cible). Je me dis que j’aurais tout le loisir de lever le pied dans la seconde moitié de cette deuxième boucle pour dérouler avant le marathon. D'autant plus que des petites crampes vont venir me chatouiller le haut des adducteurs à plusieurs reprises. La position aérodynamique devant être gardée plus de 90% du temps sur ce circuit, la tension devient grande sur cette zone musculaire. Je me décontracte régulièrement et baisse d’une quinzaine de watts puis 20 dans les 30 derniers kilomètres.
Vélo déposé tout juste sous les 4h15, superbe vélo. Entre temps l’organisateur m’a dit de ne pas passer à la tente de pénalité, soit j’écoute l’orga. Je vois mon coach, Guy-Marie ainsi que Christine, sur le début de ce parcours pédestre. Il m'a fait la surprise de venir, ça me fait chaud au coeur et me donne un coup de booste. Je déroule sur cette première partie de marathon, pense à m’alimenter régulièrement et rentre dans ma bulle, celle-la même que je me suis entraîné à confectionner lors de mes sorties longues à pied. Cette bulle qui est ma zone de confort mentale. C’est difficile à décrire mais je m’y sens bien, avancer un pas après l’autre, jouer sur la souplesse tout en sentant la vitesse (relative, on est sur Ironman quand même!). Le 3ème tour devient plus crispé au niveau musculaire, puis le ventre me travaille un peu aussi, je fais un stop pipi, j'ai dû boire la mer et ses poissons c’est pas possible! Je repars un peu mieux, le ventre me retire fort dans le dernier tour, à l’autre bout du circuit. Second stop, express celui-là et ça repart. Ah oui mon avance, je ne me suis pas focalisé beaucoup sur celle-ci, je savais Luc Gabison, le second, moins bon coureur que moi normalement, j’ai vu qu’il faisait le forcing sur le premier tour mais que dès le second son allure s'était fortement dégradée. Ainsi je me disais que tant que je courais ça devrait aller au bout. La fin du dernier tour était compliquée musculairement mais je voulais aller chercher les moins de 3h sur ce marathon, ce que je fis! Petit hic, en vue de la finish line les arbitres m’ont arrêtés. Ils voulaient expliquer la règle de distanciation de la voiture et me stopper 2’ pour l’imbroglio du début de course. L’euphorie dans laquelle je m'étais mise durant ce dernier kilomètre est tombée de très très haut.J’ai pris sur moi pour leur répondre gentiment et avec sincérité, ils ont été correctes et ont fait appliquer le règlement puis m’ont dit de reprendre ma route et profiter de la finish line. Encore une fois, quelle aventure! Quelle délivrance de gagner mon premier Ironman sur celui de Benj, Stéphanie et toute son équipe. 9 ans après mon premier sur cette même organisation qui n’a plus rien à envier aux plus grandes. Aujourd’hui c’est un réel accomplissement dans ma vie sportive que j’ai été chercher. Je le sentais, je le voulais, mes proches et les amis du SNT m’ont poussé à tel point que je me devais de leur renvoyer autant d'émotions que possible. La vie n’est pas un long fleuve tranquille mais qu’elle était belle cette journée!

 


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